2007/07/25

L'ECOLOGIE COMME TACHE DE FOND

Vous manquez de temps, je sais. Donc j'imagine que le conseil de lecture de la semaine dernière est passé à l'as! Pas de problème, j'ai lu pour vous ces deux bouquins (enfin il m'a fallu un peu plus qu'un week end, même pluvieux!). Parfois chiants mais aussi passionnants parce qu'ils parlent de nous et autant vous prévenir que ce Gilles Lipovetsky (1) voit très clair en nous!

Tentative de teasing...

"Ce n'est pas d'abord pour éviter les effets secondaires d'une chose qui serait bonne en soi qu'il nous faut renoncer à notre mode de vie - comme si nous avions à arbitrer entre le plaisir d'un mets exquis et les risques afférents. Non, c'est que le mets est intrinsèquement mauvais, et que nous serions plus heureux à nous détourner de lui. Vivre autrement pour vivre mieux." (2)

Vous êtes toujours là.. je sais, je suis nulle en teasing mais j'assume c'est le sujet qui veut ça!

OK, donc relire la phrase et se demander qui peut vraiment réussir une chose pareille. Qui parvient, s'il en a les moyens financiers, à se passer d'une piscine chauffée toute l'année, du dernier ipod même s'il a déjà le six premiers modèles, de l'iphone à la rentrée alors qu'il a déjà le nez collé sur son blackberry? Vous? Moi? En fait, personne ou presque. En tous cas très peu d'entre nous y parviennent parce que notre rapport aux objets à changer. Un peu moins support de l'image que l'on veut donner de soi-même, un peu plus mesure compensatoire pour aider à s'aimer soi-même dans une société de plus en plus anxiogène. C'est à partir de ce constat que crise sociale et crise écologique sont intimement liées. "Lorsque les liens sociaux se relâchent, lorsque les capacités d'influer sur les tendances lourdes du monde ne sont plus crédibles, la consommation représente un domaine choisi et "maîtrisé" par les sujets, un univers à soi où se cherchent incessamment des éléments de bonheur" (1).

A ce stade du post, je comprendrais que vous soyez tenté d'aller lire 2 ou 3 emails... mais j'insiste!

Alors donc, on tente d'accéder au bonheur - c'est légitime - et l'hyperconsommation est notre meilleure amie, tout en cherchant de plus en plus à réparer les petits et les gros désastres occasionnés par nos comportements plutôt compulsifs.

La planète en crise associée à notre incapacité actuelle à mieux contrôler notre consommation nous a fait inventer une parade bancale mais nécessaire: l'écologie comme tâche de fond. C'est le principe même du développement durable. Indispensable. Déjà. Parce qu'il permet en partie de compenser nos excès. Complaisant. Parce qu'il nous détourne aussi de l'indispensable remise en question de notre rapport à la consommation.

Un jour, peut-être... certainement, ça fera "tilt". A force de l'entendre dire, de le lire, de soi-même l'écrire.

(1) Gilles Lipovetsky (1944-) philosophe, auteur de "Le bonheur paradoxal. Essai sur la société d'hyperconsommation".
(2) Ivan Illich (1926-2002) penseur de l'écologie politique